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Mets de l'huile
Mets de l’huile

Le gras c’est la vie ! Mets de l’huile !

Des années qu’on nous bassine avec la chasse au gras et le 0%. Et d’un coup d’un seul, il paraîtrait que le gras c’est bon et qu’il faut en manger. Comment retrouver tes poussins dans le marasme des recommandations nutritionnelles ? Je t’aide un peu. Et on commence par là.

 

A quoi ça sert le gras ?

Puisqu’on est sérieux, qu’on suit les recommandations nutritionnelles et qu’on a décidé de manger du gras, autant comprendre son intérêt.

Le gras, on en a partout. Sur le derrière, les hanches, le ventre, les bras, les jambes, les joues, partout. En gros, partout où tu as de la peau, il y a de la graisse en dessous. Parfois c’est joli et c’est tendre, parfois c’est granuleux et ça fait mal. Tout ça, c’est du gras. C’est ta réserve à disette. Il y a celui qu’on aime bien parce qu’il donne des belles courbes et celui qu’on te demande d’effacer dès les premiers jours du printemps pour te vendre des maillots de bains et t’offrir des complexes.

En plus de nos réserves adipeuses facilement localisables, on a du gras encore plus partout. Tu sais certainement que ton corps est composé de plein de microscopiques cellules. Chacune de nos cellules est un peu comme une usine à gaz enfermée dans un ballon. Tu visualises ? Hé bien, la surface du ballon… c’est du gras. Voilà, c’est dit. On est des tas de gras.
Le truc, c’est que si on veut que toutes nos usines à gaz fonctionnent correctement, il faut qu’elles restent bien emballées dans leur bulle protectrice. Sinon, ça s’éparpille et ça ne fonctionne pas. C’est pour ça qu’on doit manger du gras.

En plus de tout ça, le gras nous sert aussi à assimiler certaines vitamines. Le cholestérol contribue fortement à la synthèse dans nos cellules de cette fameuse et indispensable vitamine D très à la mode en ce moment. Et d’autres sortes de graisse nous aident à fabriquer de quoi nous protéger de l’intérieur en cas d’inflammation.

 

Pourquoi on parle de bon et de mauvais gras ?

En gros, le bon gras, c’est celui qui fait qu’on fonctionne bien. Le mauvais gras, c’est celui qui nous pourrit en dedans.
Pour que tu comprennes bien, on va reprendre les exemples dont je viens de te parler.

Le bon gras, c’est celui qui nous fait des bulles cellulaires de qualité. On appelle ça la membrane cellulaire. Ça ressemble à ça :

Membrane cellulaire
Membrane cellulaire

La partie en rose, c’est l’intérieur de ta cellule. La partie en vert, c’est l’extérieur. La membrane cellulaire est composée de deux couches. Chaque épingle à chignon est une molécule de gras de la membrane. Oui, oui, elles ont vraiment une forme comme ça : une tête plus ou moins grosse et deux jambes en zigzag. Les deux jambes sont faites en gras.

Quels sont les rôles de tes membranes cellulaires ? 

  • Protéger l’usine à gaz de la cellule
  • Assurer son approvisionnement en matières premières
  • Assurer l’évacuation de ses déchets non recyclables
  • Assurer la livraison de son produit fini

Pour ça, il faut que la bulle soit à la fois souple, solide, fluide et qu’elle filtre correctement.

Si toutes les épingles avaient les pattes droites, comment serait la membrane ? Elle serait toute serrée et certainement mieux rangée. Ça serait joli. Et ça protégerait drôlement bien l’usine à gaz. Oui mais ! Parce qu’il y a un mais, le problème du bouclier, ou du gilet pare balle si tu préfères, c’est que ça ne laisse presque rien passer. Et on a besoin de laisser passer des choses : les matières premières dans un sens, les déchets et les produits finis dans l’autre. C’est pourquoi c’est bien d’avoir des épingles un peu tordues pour ajouter un peu de bazar et de fluidité à notre membrane. Parce que qui dit fluidité, dit souplesse et possibilité de traverser. Donc le bon gras, c’est celui qui est tordu ! Tu me suis ? Si je ne suis pas assez claire, dis-le moi en commentaire, je t’expliquerai d’une autre façon.

Le gras tordu, ça s’appelle des acides gras insaturés. Le gras raide, on l’appelle acide gras saturé. Pour savoir si du gras est tordu, ou insaturé, ce n’est pas compliqué, on l’appelle Oméga. Donc les Oméga 3, 6, 9 etc, c’est du gras tordu et bon pour les membranes cellulaires.

Pourquoi Oméga ? Parce que des petits malins ont jugé intéressant de compter à partir du bout de gras, Oméga dans l’alphabet grec, pour déterminer la position du pli. Si le gras est tordu près du bout, mettons à la cheville, il s’appelle Oméga 3. S’il est tordu au genou, il s’appelle Oméga 6. Et si c’est Bruce Lee ou Jean Claude Van Damme et qu’il est capable de se tordre à la hanche, c’est un Oméga 9. Il y en a même qui sont de vrais danseuses étoiles et qui plient à plusieurs endroit. On les appelle les acides gras poly-insaturés. Ce sont les stars des membranes cellulaires.

Mais tout n’est pas si simple. Imagine toi un corps de ballet, ou une compagnie de hip hop. Tout les danseurs dansent ensemble sur le même rythme. C’est fluide, c’est beau, ça te prend aux tripes, c’est impressionnant. Maintenant, imagine qu’un débutant qui ne sait pas distinguer sa gauche de sa droite arrive au milieu de tout ça. Il est raide, il tente laborieusement de suivre la chorégraphie mais il fait tout à l’envers. Au revoir fluidité. On se gêne, on se prend des coups, et voilà que je te rentre dedans, blam ! carambolage, la chorégraphie est interrompue et tout le monde fait la tête. C’est pareil quand un acide gras à l’envers se pointe dans une membrane cellulaire. Ah oui, j’ai oublié de te dire, dans la nature, tous les acides gras tournent dans le même sens. Pas de souci, me diras-tu ! Hé bien si, parce que grâce au chauffage et à la cuisson, nous avons réussi à faire tourner des acides gras dans le mauvais sens. Ces acides gras qui tournent dans le mauvais sens, on les appelle des trans, pour transformé. Les acides gras trans, c’est du mauvais gras.

Une petite chorégraphie ?

 

Rappelle-toi, je t’ai dit tout à l’heure que le bon gras nous sert à nous protéger contre l’inflammation. C’est parce qu’il nous permet de créer des super molécules anti-inflammatoires. Sauf que ce n’est pas le cas de tous les Oméga. Les Oméga 3 vont bien dans ce sens. Par contre, les Oméga 6 font le contraire. Mais en même temps, ils servent aussi à plein de bonnes choses. Bref, c’est compliqué. On a besoin d’eux, mais pas trop.
Les Oméga 3, eux, ont plein d’effets bénéfiques pour nous. On en a plein de le cerveau. Oui, notre tête est pleine de de gras. On pense avec du gras. On en a aussi besoin pour notre cœur et nos artères. Quand on en mange assez, on fonctionne mieux de partout.

L’idéal c’est de manger un bon ratio d’Oméga 3 et d’Oméga 6.

 

Où se cache le bon gras ?

Ben, oui, c’est bien beau tout ce discours, mais comment savoir quoi manger maintenant ?

Pour commencer, évite les mauvais danseurs. Ils sont très nombreux dans tout ce qui est surchauffé, petits gâteaux en boite, plates préparés etc. Pour trouver bons danseurs, l’idéal c’est de taper dans les huiles végétales vierges première pression à froid. C’est important que la pression soit faite à froid, parce que sinon elles sont chauffées et quand tu en manges, c’est l’invasion des mauvais danseurs qui mettent le bazar dans tes membranes. Tant qu’à faire, choisit ton huile biologique, c’est meilleur sans pesticide.

Ensuite, privilégie le gras plein d’Oméga 3. Il y en a dans les poissons gras et dans certaines huiles végétales.
Les poissons gras, ce sont le saumon, le thon, le maquereau, la sardine, le rouget. Si tu aimes les gros, choisis les sauvages. Non seulement ils ont meilleur goût, mais en plus ils mangent et vivent sain. Ils contiennent moins de médicaments et beaucoup plus d’Oméga 3. Ben oui, un poisson d’élevage nourrit aux acides gras trans et saturés va contenir plein d’acides gras trans et saturés. C’est donc moins intéressant de le manger. Dans l’idéal, privilégie les sardines. Elles sont plus petites et ça pue quand on les cuit, mais elles contiennent moins de mercure et de métaux lourds. Pourquoi ? C’est simple. Chaque sardine mange un peu de petits trucs et un peu de métaux lourds. Un poisson plus gros mange un peu plus de sardines et au total de toutes ces sardines, un peu plus de métaux lourds. Et ainsi de suite jusqu’aux gros poissons qui mangent beaucoup de moyens poisons qui ont mangé beaucoup de petits poissons qui ont mangé beaucoup de mini poissons et qui au final contiennent beaucoup de métaux lourds. Donc les gros poissons, c’est bon, mais pas trop souvent. Surtout les gros poissons d’élevage qui sont nourris à la farine d’autres gros poissons. On a vu ce que ça a donné avec la vache folle…

Si tu veux en savoir plus sur le saumon et les Oméga 3, je te conseille cette vidéo de Naturacoach. Elle est un peu longue, plus d’une demi-heure, mais elle est très instructive :

 

Pour en revenir aux huiles végétales biologiques et première pression à froid, elles sont pleines d’autres bonnes choses comme des antioxydants.

Voici des exemples d’huiles intéressantes :
L’huile de cameline : elle est bourrée d’Oméga 3 et a un super goût de noisette. Elle est toute douce. Je l’adore avec les salades de crudités. Toutes !
L’huile de noix : tu connais son goût. Si on aime la noix, on aime son huile. Elle est un peu moins facile à placer en cuisine.
L’huile de colza : C’est l’huile basique passe partout, et avec un bon ratio entre Oméga 3 et Oméga 6
L’huile de lin : c’est celle qui a le meilleur rapport Oméga 3 / Oméga 6. D’ailleurs, c’est du lin qu’on donne aux animaux d’élevage bio et bleu blanc cœur pour qu’ils contiennent du bon gras.

Attention, ces huiles sont très fragiles. Pense bien à les conserver au frigo et dans une bouteille en verre foncé. Sinon elles s’oxydent et sont beaucoup moins intéressantes nutritionnellement parlant.

L’huile d’olive est aussi très intéressante. Elle ne contient pas d’Oméga 3, mais des 9. mais surtout, elle est pleine d’antioxydants. Et elle résiste plutôt bien à la chaleur, et même à la cuisson jusqu’à 180 °. Ces acides gras ne se transforment pas facilement. Elle peut te servir dans plein de recette, y compris dans les gâteaux.

Attention, certaines margarines se disent riches en Oméga 3. Mais il y a un petit souci : la margarine, c’est chauffé. Donc les Omégas 3 qu’elle contient, ils sont transformés. Ce sont des acides gras trans qui tournent dans le mauvais sens. En résumé, la margarine, je te conseille de l’éviter. On a l’impression qu’elle est bonne mais c’est un cadeau empoisonné.

Si vraiment tu veux du gras solide, un peu de beurre biologique de temps en temps ne peut pas faire de mal. Il ne contient que des acides gras saturés (tout raides), mais présente d’autres avantages. Le beurre biologique contient une bonne quantité de vitamine A. C’est une des vitamines qui est transportée par le gras. Elle est très importante pour nos membranes cellulaires. Et si tu n’aimes pas le beurre ou que tu ne manges pas de produits laitiers, ne t’en fais pas, il y a de aussi de la vitamine A dans les œufs et les fruits et légumes orange et rouges. Mais ça, c’est une autre histoire !

5 thoughts on “Le gras c’est la vie ! Mets de l’huile !

  1. J’ai rarement lu un article aussi complet et pédagogique sur le gras.Bravo! Je ne vais plus acheter de margarine car si j’en consommais déjà peu , j’ignorais qu’il y avait un piège. Merci pour toutes ces informations.

    1. Oh ! Ça c’est sympa. Merci !
      Et oui, la margarine a une belle étiquette, mais en dessous, c’est nettement moins glorieux.

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